Impact de la distribution de masse répétée du praziquantel sur la schistosomose dans les sites sentinelles des régions de Kayes et Koulikoro, Mali
Résumé
Selon les résultats des enquêtes nationales réalisées par le Programme national de lutte contre
les schistosomoses et les géohelminthiases (PNLSH) en 1984-1989, puis en 2004-2006, les
schistosomoses (Schistosoma haematobium et S. mansoni) et les géohelminthiases sont
endémiques sur l’ensemble du territoire. Toutefois, la mise en œuvre des différents plans
stratégiques initiés par le PNLSH en collaboration avec les partenaires techniques et
financiers a permis de réduire de façon significative la prévalence et l’intensité de ces
parasitoses dans de nombreuses régions du pays. Cependant, l’analyse des résultats des
enquêtes conduites en 2014 et en 2015 par le programme a fait apparaitre un réel besoin
d’évaluer l’impact de la distribution de masse répétée du praziquantel sur la prévalence et
l’intensité des schistosomes et des géohelminthes dans les sites sentinelles des régions de
Kayes et Koulikoro, d’où la mise en œuvre de la présente étude.
Il s’agissait d’une étude transversale à deux passages répétés, six et douze mois après le
traitement de 2016. L’étude a concerné douze (12) villages/sites sentinelles répartis entre six
districts : Bafoulabé, Kayes et Diéma (région de Kayes) ; Nara, Kalabancoro et Kangaba
(région de Koulikoro). La population d’étude était composée par les élèves des écoles
primaires âgés de 7-14 ans, choisis de façon aléatoire parmi la liste des élèves des classes
retenues. La taille de l’échantillon (n=2044) a été calculée sur la base de la prévalence de S.
haematobium observée en 2014-2015. La recherche des œufs de S. haematobium a été faite
par filtration sur papier Whatman, des urines collectées entre 10h et 14h de l’après-midi dans
des sachets en plastique numérotés ; les œufs de S. mansoni ont été recherchés dans les selles
en utilisant la technique du Kato-Katz.
La prévalence moyenne de S. haematobium était de 26,8% (492/1836) et celle de S. mansoni,
0,4% (8/1895). Les enfants âgés de 11-14 ans étaient plus touchés que ceux de 7-10 ans
(p<10-3). La prévalence variait en outre significativement d’un site à l’autre : elle était plus
élevée à Diakalèle, 72,5% et plus faible à Kéniégué, 3,8% et Samaya, 5,0% (p<10-3).
La prévalence des forts excréteurs d’œufs de S. haematobium était de 2,3%. Elle était plus
élevée à Diakalèle (6,0%) et à Babaroto (5,0%) et nulle à Dougourakoro et à Nara.
Sous l’impact du traitement, nous avons noté une baisse significative de la prévalence de S.
haematobium entre 2014 et 2017 dans les districts de Bafoulabé, Diéma (p<10-3), à Koussané
(p=0,004) et Bougoudjiré (p=0,008). En revanche, elle avait plutôt augmenté significativement à Diakalèle de 40,8% à la même période (p<10-3). A l’image de la
prévalence, l’intensité des forts excréteurs fortement baissé aussi dans le district de Diéma
(p<10-3), et à Babaroto (p<10-3).
En conclusion, ces résultats montrent que sept sites sentinelles sur douze ont atteint le critère
d’élimination de la schistosomose en tant que problème de santé publique, alors que deux ont
atteint le critère de contrôle de la morbidité. En revanche, deux sites, Diakalèle et Babaroto
sont encore en deçà du critère de contrôle.