Aspects épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques du neuropaludisme chez les enfants de 6 mois à 15 ans hospitalisés dans le service de pédiatrie du centre de santé de référence de la commune 5 de district de Bamako
Résumé
Le Paludisme constitue encore de nos jours un problème préoccupant de santé publique. Dans sa forme grave, surtout neurologique, il demeure une cause importante de mortalité infantile dans nos pays. Dans le but d’identifier les caractéristiques sociodémographiques et les déterminants de la létalité due au neuro- paludisme chez l’enfant, nous avons réalisé une étude transversale, descriptive et analytique sur 12 mois, de Janvier à Décembre 2014 dans le service de pédiatrie de CSREF CV de Bamako. Elle a porté sur les enfants de 6 mois à 15 ans hospitalisés pour neuro-paludisme répondant aux critères d’inclusion. Nous avons obtenu les résultats suivants : Le paludisme grave à lui seul représente 43,2% des hospitalisations pédiatriques en commune V. Sur les 285 enfants hospitalisés pour paludisme grave, 86 l’ont été pour la forme neurologique soit 30,18%, ce qui représente 13,05% de toutes les admissions pédiatriques. Une part assez importante des enfants vivait dans les zones périurbaines de Bamako (46,51%). L’âge moyen des enfants a été de 5,75 ans. Le sexe masculin a été prédominant avec un Ratio de 2,2. Le neuro- paludisme était associé à la convulsion (79,07%), à la déshydratation (47,67%) et à l’hypoglycémie dans 22,62% des cas. La guérison sans séquelle a été la règle dans 79,07%, en revanche, 13,95% des enfants ont présenté des séquelles à leur sortie d’hospitalisation. Nous avons regretté 6 cas de décès, ce qui fait une létalité de 6,98%. Le coma profond a multiplié le risque de décès par 15 (OR : 15), tandis que l’hyperparasitémie et l’anémie l’ont multiplié respectivement par 5 et par 2,9 représentant ainsi les principaux facteurs déterminants de la létalité chez les enfants au cours du neuro- paludisme dans notre service. Par contre nous n’avons pas trouvé de lien significatif entre la détresse respiratoire, le choix d’antipaludique, la convulsion et le risque élevé de décès. La durée moyenne d’hospitalisation a été de 5, 36 jours. Le coma profond et l’hyperparasitémie étant logiquement liés au retard de consultation, un renforcement de l’éducation sanitaire en vue d’un recours précoce aux structures de santé, la redynamisation des interventions à bases communautaires tels que la chimio-prévention saisonnière chez les enfants (CPSe), le renforcement des plateaux techniques des structures sanitaires dans l’élan national de réduction de la pauvreté, ainsi qu’un programme inclusif de formation continue éviteraient de nombreux décès d’enfant dus au neuro- paludisme. Aussi, avec un âge moyen supérieur à 5 ans, le neuro- paludisme est-il en train de se déplacer vers les enfants plus âgés ? Les études ultérieures tenteront de l’édifier